Le lendemain, en sortant de mon entraînement de gym, j’ai vu Arthur assis sur les escaliers. Il m’attendait.
- Enfin te voilà Leila, ça fait une demi-heure que je suis là. Je commençais à m’impatienter.
- Excuse-moi, je n’ai pas pu sortir avant. J’ai fait une chute à la poutre, je me suis foulée la cheville et mon professeur m’a fait un bandage, ce qui a pris du temps, lui ai-je répondu.
- Désolé pour ta blessure. Moi, je suis exténué car je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Et toi?
- Pareil! Bon, je suppose que tu veux en savoir plus sur cette ignoble usine de chewing-gum.
- Gagné! Raconte-moi tout, m’a-t-il dit, tout excité.
- Eh bien, voilà! A Terrasson tout était calme et paisible jusqu’à ce qu’en 2005, Monsieur Ben Ahordur vienne installer dans le coin son usine : la fameuse Gommus-Nullus. Un an après, une dizaine d’enfants de l’école Jacques Prévert sont tombés gravement malades: ils avaient bu l’eau du robinet. Une enquête a été ouverte, menée par l’inspecteur Sacha Touille. Il a découvert que c’était l’usine la responsable car elle déversait des produits toxiques dans la Vézère. L’infâme Ben Ahordur a tenté de le corrompre: il a proposé à l’inspecteur 100000 €. Mais celui-ci a refusé et l’usine a été condamnée à une très forte amende, à une fermeture de six mois et à l’obligation d’améliorer les installations et de mettre des filtres dans tous les systèmes d’évacuations. Ben Ahordur était furieux!
- Comment sais-tu tout ça? s’étonna Arthur.
- C’est normal, l’inspecteur Sacha Touille, c’est mon papa!, lui confiai-je à mi-voix.
- Et si on allait voir cette usine?, demanda-t-il.
- Pourquoi pas? Mais j’ai mal à la cheville et en plus, on n’a qu’un seul vélo!
- Et si je pédalais? Tu pourrais t’asseoir sur le porte-bagage?
- Bonne idée mais va doucement , lui conseillai-je.
- On a oublié un détail: je ne sais pas où est l’usine!
- C’est facile, affirmai-je. Il faut retourner chez moi et continuer sur la route qui passe à droite de ma maison.»
En passant devant chez moi, Arthur essoufflé, demanda:
Arrivés devant le bois, nous avons vu que des arbres étaient tombés sur le chemin, à cause de la tempête,
«Et là, qu'est-ce qu'on fait ?ai-je demandé.
- Il faut continuer à pied ! a dit Arthur.
- Tu n'as pas oublié quelque chose?
- Quoi?
Ma cheville!
Tu pourrais marcher avec un bâton ? a demandé Arthur.
Je pense que oui ».
Arthur a trouvé un bâton assez solide et me l'a donné. Après quelques minutes de marche difficile pour moi, nous avons aperçu l'usine.
Elle était immense avec deux bâtiments collés l'un à l'autre. Elle était de forme assez simple et ressemblait à un très gros rectangle avec un cylindre. Sur son toit, quatre grosses cheminées dégageaient une fumée noire comme le charbon.
Le premier bâtiment avait deux étages, l'un rouge, l'autre orange. Il y avait une dizaine de fenêtres carrées. L'une d'elles semblait cassée et laissait passer un bruit sourd de machines.
Le deuxième bâtiment, tout rose, plus carré, avait une tour qui semblait surveiller l'ensemble de l’usine. C'était sûrement là que se trouvait le bureau de Ben Ahordur.
Sur le bâtiment lui-même, on voyait plusieurs grandes portes de garage dont l'une était ouverte car un camion était en cours de déchargement.
Chaque bâtiment portait une partie du nom de l'usine : Gommus en bleu sur le bâtiment à deux étages, Nullus en vert sur le deuxième bâtiment.
Sur le côté du premier bâtiment, on voyait des tuyaux jaune marron. L’un deux allait vers la station d’épuration de l’usine. L’autre rentrait dans le sol mais ne ressortait pas!
«Cette station est l’un des aménagements crées par l’usine en 2005, après les problèmes dans la Vézère, ai-je dit à Arthur.
- C’est bizarre que ce tuyau entre dans la terre et en ressorte quelques mètres après. Qu’est-ce que cela peut cacher?
- Il faudrait aller voir mais c’est clôturé!
- J’ai une idée! Ne bouge pas!» me dit Arthur en se tournant de tous les côtés.
J’ai alors entendu Arthur chuchoter.
«Pourrais-tu aller voir si quelque chose sort des tuyaux?
- A qui parles-tu? lui ai-je demandé.
- J’ai demandé de l’aide à une mésange.»
Pour mieux regarder l’oiseau partir vers la station d’épuration, j’ai fait quelques pas et j’ai trébuché sur quelque chose d’assez dur. Arthur est venu m’aider à me relever
-Est-ce que ça va?
-Oui, ça peut aller,ai-je répondu.
-Qu’est-ce qui s’est passé? m’a-t-il demandé.
-Je ne sais pas! J’ai buté sur quelque chose.
Alors, nous avons tous les deux baissé la tête et nous avons aperçu sous les feuilles mortes un gros tuyau rouillé de couleur jaune marron.
- Il ressemble étrangement à… dit Arthur en tournant la tête vers l’usine.
- … le tuyau enterré de l’usine, ai-je complété.
La mésange est revenue vers nous. Elle piaillait vers Arthur qui m’a traduit sa petite réponse. « La station d’épuration ne fonctionne pas.»
Les enfants essayèrent de trouver une solution pour pénétrer dans l’usine et découvrir ce qui se passait. Mais ils aperçurent soudain une silhouette robuste et effrayante…
«C’est Ben Ahordur! Vite, cachons-nous dit Leïla.
- Dépêche-toi!, conseilla Arthur.
- Aïe!!! hurla la jeune fille.
- Oh non, il va te voir! Essaie de te relever! s’exclama Arthur.
- Ne t’occupe pas de moi et va prévenir mon père. Fais vite!»
Arthur se précipita vers la forêt, et jeta un coup d’œil derrière lui: l’infâme Ben Ahordur s’approchait de Leïla…
«Eh! qu’est-ce que tu fais là toi?
- Je… je faisais du vélo, monsieur, bredouilla la jeune fille.
- Ah oui? Et où est-il ton vélo? Allez, viens avec moi petite curieuse!»
Et il agrippa Leïla par le bras.
«Lachez-moi monsieur Ahordur, mais lachez-moi cria-t-elle en se débattant.
- Pas question, petite sotte. Il fallait réfléchir avant de venir fouiner par ici. Maintenant, il est trop tard.
- Tant pis, je vous avais prévenu, rétorqua Leïla. Et elle le mordit violemment au bras.
- Aïïïïe!
- Au secours!!! A l’aide! hurla la jeune fille en se dégageant du bras de l’homme.
Elle se mit à courir en boîtant mais Ben Ahordur la rattrapa et l’assomma d’un coup de bâton sur la nuque.
Pendant ce temps, Arthur avait pris le vélo et pédalé de toutes ses forces jusqu’au commissariat pour raconter leur mésaventure à l’inspecteur Sacha Touille. Après avoir écouté patiemment l’ami de sa fille, l’inspecteur déclara: «Vite allons sur les lieux. Je veux retrouver ma fille et empêcher ce Ben Ahordur de se sauver avec elle!»
Guidé par Arthur, l’inspecteur et deux policiers se retrouvèrent devant l’entreprise Gommus Nullus. Mais l’entrée principale était fermée à clef, les trois hommes essayèrent de forcer la serrure mais en vain! Arthur fit le tour de l’usine pour essayer de trouver une autre issue. C’est alors que la petite mésange qui les avait aidés peu de temps avant lui indiqua un passage. Elle l’amena près d’un petit hublot dont l’ouverture était cassée. Après quelques efforts, Arthur réussit à se faufiler dans l’étroit passage! Dès qu’il fut à l’intérieur de l’usine, il entendit Leïla crier «Au secours!» Arthur emprunta un couloir d’où semblait venir la voix de son amie. Il arriva dans une immense salle qui empestait le Chewing-Gum. Leïla était bien là mais ligotée au dessus d’une marmite pleine de produits chimiques bouillonnant. Ben Ahordur était là lui aussi aux commandes d’un ordinateur, il appuya sur un bouton, et le cable qui retenait Leïla se mit à descendre lentement vers la marmite.
Alors Arthur se précipita sur Ben Ahordur en hurlant «NON!». L’homme se leva en sursaut et Arthur lui sauta dessus en le frappant de toutes ses forces au visage. La bagarre dura quelques secondes lorsqu’Arthur sentit Ben s’écroulait sur lui. En entendant la voix de l’inspecteur, il comprit que le directeur de Gommus Nullus venait de se faire assommer par les policiers. Sacha Touille était arrivé à temps pour arrêter la machine qui menaçait Leïla.
Arrivés au commissariat, Ben Ahordur fut mis en garde à vue, puis en cellule pendant que l’inspecteur démarrait l’enquête au sujet de la pollution de l’eau en interrogeant plus précisément les deux enfants sur ce qu’ils avaient découverts.
Mais, pendant la nuit Ben Ahordur réussit à s’échapper de sa cellule! En pleine nuit, le policier de garde l’avait trouvé inanimé sur le sol de sa cellule. Il était entré alors dans la cellule pour lui porter secours. Mais c’était une ruse: le voyou l’assomma au moment où il se penchait pour écouter son cœur. On retrouva le lendemain matin, le gardien en chaussettes et caleçon dans la cellule de Ben Ahordur, ce dernier lui avait subtilisé son uniforme pour mieux s’enfuir du commissariat.
Toute la police se mit à rechercher le criminel. Sacha Touille décida pour sa part de se rendre à nouveau à l’usine accompagné de Leïla et d’Arthur, et de quelques collègues. Ils fouillèrent tous les bâtiments aucune trace de Ben Ahordur, ni de ses ouvriers.
Les élèves de Mme Renoux viennent de terminer la relecture et l'amélioration du chapitre 2. Voici donc la version à peu près définitive du chapitre 2 . Bonne lecture !
Chapitre 2
Le soir Arthur s’allongea et poursuivit la lecture de son encyclopédie sur les animaux. Mais épuisé par sa première journée de classe, il s’endormit en regardant la page sur le taureau. Soudain, Arthur se réveilla, victime d’un horrible cauchemar. Dans la nuit, l’animal était sorti du livre et s’était dirigé vers la forêt voisine pour trouver un point d’eau. Arthur prit l’encyclopédie et la feuilleta page après page… Malheur ! Son cauchemar était devenu réalité ! Le taureau avait disparu : il ne restait que le texte ! Ce n’était pas la première fois que cela se produisait. Arthur devait agir et vite. Il s’habilla et sortit à toute vitesse. La lune était pleine, on y voyait assez bien. Au loin, il entendit des bruits étranges venus de la forêt, il s’approcha un peu plus et il aperçut le taureau penché au-dessus de l’eau. « Quelle couleur étrange ! Que se passe-t-il donc ? chuchota Arthur. - On dirait que l’eau a été empoisonnée, murmura le taureau. - Que fais-tu là ? Pourquoi es-tu sorti du livre ? - Je suis sorti du livre pour te prévenir, petit homme, les animaux de cette région sont en danger, il faut les secourir. Regarde, mugit-il en pointant du sabot la mare violette. En s’approchant de l’eau, Arthur entendit un craquement de branches. Il se retourna et vit Leïla. « Que fais-tu là ? demanda Arthur. - Et toi, que fais-tu là, aussi près de ce taureau ? Tu ne sais pas que c’est dangereux un taureau ! - Comment je pourrais t’expliquer ça … C’est une très longue histoire … dit Arthur en commençant à s’éloigner. » Leïla le prit par le bras. « Ecoute Arthur, nous sommes amis. Et des amis ne se cachent rien. Je t’ai vu essayer de parler avec le taureau. - Et toi, tu ne parles jamais à ton chat ? riposta Arthur. - Je n’en ai pas ! - Tu ne croiras pas, murmura Arthur. - Essaie quand même. - Je … J’ai le don de parler aux animaux. - Prouve-le moi, dit Leïla. » Alors Arthur se concentra et demanda à voix haute à un papillon de nuit qui passait par là, de venir se poser sur son bras. Le petit animal obéit aussitôt. « C’est étonnant ! Comment c’est venu ? Comment l’as-tu su ? - Je suis né avec ce don. J’ai toujours entendu parler les animaux. - De quoi parlais-tu avec le taureau ? demanda Leïla. - Il me disait que l’eau était empoissonnée, que les animaux étaient en danger et qu’il fallait les aider. Allons voir la mare de plus près. » Les enfants s’approchèrent de l’eau. Leïla plongea timidement la main dans l’eau colorée. Elle en sortit un poisson mort. « Qui a empoissonné cette eau ? marmonna Arthur. - ça s’est déjà produit répondit Leïla. On ne s’est pas exactement qui c’est mais on parle de l’usine de chewing-gum Bubble Gum. » Les enfants se retournèrent pour questionner le taureau. Il avait disparu. « Où est-il passé ? demanda Leïla. - J’ai oublié de te parler de quelque chose. Suis-moi ! » dit Arthur. Arrivés chez Arthur, il montra l’encyclopédie à Leïla et plus précisément la page où le taureau était réapparu. « Comment est-ce possible ? dit Leïla. - La nuit, je rêve que des animaux sortent du livre pour me parler et lorsque je me réveille, mon rêve est devenu réalité. Ça se produit à chaque fois que des animaux sont en danger. - C’est génial ! Tu en as de la chance ! » Ils se quittèrent et se donnèrent rendez-vous le lendemain. Le lendemain, c’était mercredi. Leïla n’avait pas dormi de la nuit, Arthur non plus, d’ailleurs. Elle le vit qui l’attendait à la sortie de son activité de gymnastique. Il voulait lui parler des événements de la veille.
Bonjour les enfants, je suis désolé de vous déranger pendant les vacances mais je viens de finir la synthèse de vos propositions pour l'amélioration du chapitre 2. J'ai essayé de reprendre plusieurs de vos bonnes idées mais malheureusement je n'ai pas pu toutes les intégrer. Si vous lisez ce message avant la rentrée, n'hésitez pas à laisser des COMMENTAIRES.
Remarque : le 1er jet de la classe de Mme Rigaudie est écrit, en noir, nos propositions et améliorations sont en bleu. Bonne lecture !
Chapitre 2
Le soir Arthur s’allongea et poursuivit la lecture de son encyclopédie sur les animaux, mais épuisé par sa première journée de classe, il s’endormit en laissant son livre ouvert. Dans la nuit, les animaux sortirent du livre et se dirigèrent vers la forêt voisine pour trouver un point d’eau.
Soudain, Arthur sursauta, victime d’un horrible cauchemar ; il prit l’encyclopédie et la feuilleta page après page… Malheur ! Son cauchemar était devenu réalité ! Le livre était tout blanc ou presque : il ne restait que le texte ! Ce n’était pas la première fois que cela se produisait. Arthur devait agir et vite. Il s’habilla et sortit à toute vitesse. La nuit était noire et il ne voyait rien. Il décida d’aller chercher Leïla.
Par chance, elle ne dormait pas, la lumière de sa chambreétait encore allumée. Il frappa à sa fenêtre. Dix secondes plus tard, Leïla était face à lui.
« -- Leïla, j’ai besoin de ton aide. Les animaux sont sortis de mon livre !dit-il confus et nerveux.
-- Qu’est-ce que tu racontes ? s’exclama Leïla.
-- Non, c’est vrai ! J’ai fait un cauchemar. Quand je me suis réveillé, j’ai regardé mon livre : il était vide, les pages étaient blanches ! Les animaux avaient disparu !
-- N’importe quoi ! rétorqua Leïla.
-- Mais si je t’assure, je sais que c’est difficile à croire, mais je ne te mens pas ! D’ailleurs, il faut que je te révèle autre chose : je peux les faire revenir car j’ai le don de parler avec les animaux, tous les animaux !
-- Eh bien, prouve-le ! dit simplement Leïla.
Alors Arthur se concentra et demanda à voix haute à un papillon de nuit qui passait par là, de venir se poser sur son bras. Le petit animal obéit aussitôt.
-- Wouah ! Comment fais-tu ça ? Je n’en crois pas mes yeux ! soupira Leïla, stupéfaite.
-- Je ne sais pas trop. Je suis né avec ce don. Bon, tu me crois maintenant, alors viens avec moi. Il faut se dépêcher de les retrouver et de les ramener dans leur livre.
Leïla accepta, elle se munit d’une lampe-torche et sortit de chez elle.
Au loin, ils entendirent des bruits étranges venus de la forêt, ils s’approchèrent un peu plus près et ils aperçurent les animaux penchés au-dessus de l’eau mauve.
« -- Quelle couleur étrange ! Que se passe-t-il donc ?, chuchota Leïla.
-- On dirait que l’eau a été empoisonnée, murmura Arthur.
Puis, il se concentra à nouveau et demanda aux animaux ce qui se passait. D’un seul coup, toutes les bêtes se retournèrent et se mirent à aboyer, piailler, rugir, grogner en même temps. Leïla fut encore une fois très surprise et demanda à son compagnon :
-- Que se passe-t-il ?
-- Chut, je ne comprends pas ce qu’ils disent, chuchota Arthur.
Puis il s’adressa de nouveau aux animaux :
-- Je veux voir votre chef.
Alors, les animaux s’écartèrent et laissèrent passer un gros taureau aux immenses cornes et avec une petite barbichette :
-- Je m’appelle Taurinau, meugla le Taureau.
-- Que faites-vous là ? Pourquoi êtes-vous sortis du livre ?
-- Nous sommes sortis du livre pour vous prévenir, petit homme, les animaux de cette région sont en danger, il faut les aider. Regarde, mugit-il en pointant du toi la mare violette.
Arthur s’approcha de l’eau mais Leïla le devança : elle plongea timidement la main dans l’eau colorée. Elle en sortit un poisson mort, de ses branchies sortait un liquide rouge. « Du sang ! » s’écrièrent les deux enfants.
-- Qui a empoisonné cette eau ? Et pourquoi ? marmonna Arthur.
-- Oh non, ils sont revenus ! répondit Leïla.
-- Qui ? interrogea Arthur.
-- Les chasseurs ! Mais je t’expliquerai plus tard.
Lorsque les deux enfants se retournèrent, tous les animaux s’étaient volatilisés. Arthur sortit son encyclopédie et il découvrit qu’ils avaient repris leur place dans le livre. Les enfants purent enfin rentrés chez eux.
Le lendemain, c’était mercredi. Leïla n’avait pas dormi de la nuit, Arthur non plus, d’ailleurs. Elle le vit qui l’attendait à la sortie de son activité de gymnastique. Il voulait lui parler des événements de la veille.
Ce matin, un nouvel élève est arrivé dans la classe. Il avait l’air timide et angoissé. Ses cheveux châtains étaient tout ébouriffés et ses yeux verts brillaient. Sa peau était mâte comme s’il revenait des vacances d’été ! Il était vêtu d’un bermuda, d’un tee-shirt et chaussé de sandales. Melle Léna Rine, notre maîtresse, lui a demandé de se présenter. « Je m’appelle Arthur. J’ai 10 ans. Je suis fils unique. J’arrive de Guadeloupe. Mes parents font des documentaires sur les animaux. Ils se déplacent partout dans le monde. Comme je les accompagne, je change souvent d’école. - Combien as-tu visités de pays ? lui a demandé William, toujours curieux - Je ne sais plus exactement, il y en a beaucoup … » Puis la maîtresse l’a placé à côté de moi et je l’ai aidé en lui expliquant le fonctionnement de la classe.
Pendant la leçon de maths, Arthur, la tête toujours baissée, n’écoutait rien, il ne semblait pas là. J’avais l’impression qu’il était resté sur son île. A un moment, avec ma maladresse habituelle, j’ai fait tomber ma gomme sous sa chaise. Je me suis empressée de la ramasser et c’est là que j’ai compris ce qui lui occupait l’esprit : un livre était discrètement posé sur ses genoux et Arthur l’examinait attentivement ! J’allais lui demander ce qu’il lisait quand la maîtresse l’a interpellé : « Arthur, combien font trois fois six ? » Je l’ai vu alors sursauter et repousser rapidement le livre mystérieux dans son casier tout en criant : « TROIS FOIS SIX, DIX HUÎTRES !! » Toute la classe a éclaté de rire mais la maîtresse s’est contentée de dire : «Dix-huit, Arthur, trois fois six, dix-huit. » Puis, elle a interrogé un autre élève et le calme est revenu.
A l’heure de la récréation, la maîtresse nous a fait sortir de la classe. Dans la cour, tout le monde est allé le voir pour lui poser des questions. Le pauvre ! Comme ils s’acharnaient sur lui, je me suis dit qu’il fallait que je le sorte de là. Je me suis avancé vers l’attroupement. Je l’ai pris par la main en lui murmurant : « Viens il faut qu’on parle ! ». Il m’a suivi et nous nous sommes dirigés vers mon banc préféré pendant que William et sa bande criaient : « Ouh, les amoureux ! » - Merci Leïla, a-t-il commencé, tu m’as sauvé la vie. Je n’en pouvais plus de toutes ces questions! - De rien. Ils ne sont pas méchants mais je sais que parfois ils sont un peu lourds avec les nouveaux, lui ai-je répondu. Je n’ai pas laissé le silence s’installer entre nous deux et j’ai ajouté : - Au fait, je voulais te demander quelque chose. - Ah bon ! Et de quoi veux-tu me parler ? - Euh… Ben, je t’ai vu ce matin ! - Qu’est-ce que tu as vu ? - Ton livre sur les genoux ! - Ah ça ! C’est rien , c’est l’encyclopédie sur les animaux de la région que mon père m’a offerte avant notre arrivée ici. Les maths, c’est pas mon truc mais les animaux, j’adore ! Soudain, la sonnerie a retenti et nous sommes rentrés en classe.
Le reste de la matinée s’est déroulé sans que nous nous adressions à nouveau la parole : une sortie au cinéma était prévue, « Jour de fête » de Jacques Tatie. Pendant la séance, Arthur était assis à deux rangées de moi. A midi, il est resté manger à la cantine. Tout le monde voulait s’asseoir près de lui, mais il n’y avait que 5 places disponibles pour faire une table complète ! J’étais à la table voisine. Arthur n’arrêtait pas de me regarder comme pour appeler au secours. A la fin du repas, il est venu me voir. Il avait l’air un peu triste. «- Pourquoi tu ne t’es pas assise à côté de moi à table ? - Désolé Arthur, j’aurais bien aimé, mais il n’y avait plus de places quand je suis arrivée. - Dis Leïla, tu veux jouer avec moi ? - Heu … oui ! A quoi on joue ? Au loup ou à cache-cache ? - Pourquoi pas au loup ! a-t-il répondu en souriant. » Nous nous sommes tellement bien entendus que nous ne nous sommes pas quittés de l’après-midi.
Et le soir, j’ai eu la surprise de voir Arthur prendre le même bus que moi. Nous sommes descendus au même arrêt ! Et devinez quoi ? Nous sommes voisins !